Je me souviens de toi.
Je revois ton beau visage. Je te trouvais magnifique.
J’avais la main sous la tienne. Tu pleurais.
Tu pleurais mais tu me souriais.
Je suis resté tard à tes côtés.
Nous avons parlé
Nous avons ri.
Tu m’as dit: ne sois pas triste, j’ai eu une vie merveilleuse j’ai été très heureux.
Nous étions en 1985 environ
J’avais presque 25 ans.
Toi sans doute 35.
Je suis rentré chez moi dans la nuit.
Je me souviens avoir allumé les essuies glaces. Il ne pleuvait pas
Je n’habitais pas très loin de l’hosto.
Je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai parlé de toi sur mon Minitel
De cette horrible maladie. Nous avions tous peur.
Le lendemain, tu n’étais plus dans ton lit. Plus dans mes lits.
Je suis allé te voir en réanimation. J’ai remis ma main sous la tienne.
Nous nous sommes dits adieu.
Tu m’as serré fort la main.
Tu m’as demandé de partir.
Tu m’as demandé de ne pas t’oublier.
Tu t’es endormi.
Personne n’est jamais venu te voir à l’hôpital.
Le scope s’est mis à faire un bip continu.
Tout le service était là. Sans doute la seule famille qu’il te restait.
Nous avons tous débranché les appareils perfusions…
Je t’ai embrassé.